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Femmes de « Tech »

Catherine Lucas, CEO de Navigacom

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Catherine Lucas est une grande admiratrice de Léonard de Vinci et de Gustave Eiffel depuis l’enfance, c’est peut-être pour cela qu’elle est devenue ingénieure (Telecom). Elle a fondé Navigacom il y a quelques années. Son parcours est la démonstration que la tech peut mener les femmes à tout. Y compris à la création d’entreprise.
 

Comment décririez-vous votre job ?

En tant que CEO de Navigacom, une entreprise de conseil dans les infrastructures des systèmes d’information, mon job consiste aujourd’hui principalement à coacher et faire monter mes équipes en puissance. L’une de mes grandes fiertés, c’est d’avoir pu assister à l’éclosion de très belles carrières professionnelles pour un certain nombre de nos collaborateurs.
 

Qu’est-ce qui vous a conduit vers des études scientifiques puis vers Télécom Paris ? 

Enfant, j’ai toujours voulu devenir ingénieur. Je comprenais que ce métier avait pour objectif de créer, développer, construire et partait de l’imagination pour arriver à des réalisations concrètes. Cette idée me plaisait beaucoup. J’étais d’ailleurs - Et je suis toujours - une grande admiratrice de Léonard Da Vinci, ainsi que de Gustave Eiffel.

À l’issue des concours aux grandes écoles d’ingénieur, j’ai choisi Telecom Paris parce que cette école nous formait aux techniques de télécommunications et que j’avais compris qu’on était au début d’une grande vague, je dirais même d’une déferlante, dans ce domaine. Le secteur a d’ailleurs été marqué par deux grandes innovations dont j’ai été témoin Et qui ont transformé autant l’avis des entreprises que nos vies personnelles : à savoir Internet et les communications mobiles


Quel a été le déclic pour ces métiers de la tech ?

Il n’y a pas eu de déclic à proprement parler, mais je dirais une forme d’encouragement bienveillant et permanent de la part de mon père. Je pense que c’est important de dire cela à tous les pères ingénieurs qui ont des filles ! Leur soutien sera certainement déterminant dans le choix de carrière de leurs filles.
 

La double culture franco-allemande a-t-elle facilité votre orientation vers des études attirant plus fréquemment des garçons que des filles ? 

Cette double culture n’a pas toujours été facile à assumer, et je pense qu’elle m’a appris non seulement à être différente, mais aussi à l’accepter, et encore plus que ça, à en être fière. Donc oui, ça m'a sans doute permis de m'assumer dans ce monde très masculin où j'étais par essence différente.
 

Avez-vous eu des modèles ou des mentors ?  

J’ai sans doute eu un modèle inconscient avec une grand-mère allemande qui avait un niveau d’études très élevé pour une femme de sa génération. L’histoire familiale dit qu’elle avait préféré se faire financer ses études par son père, plutôt que de se faire attribuer une dot pour un mariage à venir !! 
 
Je pense spontanément à deux mentors : deux hommes de l’âge de mon père que j’ai rencontrés en début de carrière. Ils m’ont d’abord très sérieusement challengé (j’en ris encore), et une fois que j’avais démontré ma capacité à défendre mes idées et mon raisonnement, ils m’ont vraiment beaucoup aidée et conseillée.
 
J’ai ensuite également, alors que j’étais en entreprise « utilisatrice », fait appel à une société de conseil dont l’une des patronnes était une femme, Suzanne Debaille. J’avais beaucoup d’admiration pour elle.
 
 

En 1999 vous avez créé votre entreprise de conseil. Avez-vous eu le sentiment de changer de métier ? 

Quand j’ai créé cette entreprise, je souhaitais vraiment apporter un conseil de qualité aux entreprises avec une forte expertise et des collaborateurs engagés. 
Je n’ai pas le sentiment d’avoir changé le métier à l’époque, mais d’avoir participé tout simplement à son développement, car il y avait très peu de société, de conseil en tant que telle.
 

Comment vous a-t-on fait sentir (si ça a été le cas) que vous étiez une femme dans un secteur d’hommes à différentes étapes de votre carrière ? 

Il est vrai qu’en début de carrière, je cumulais deux handicaps : être jeune et être une femme… Il fallait d’abord que je démontre ma crédibilité sur les sujets techniques dans tous les débuts de relations professionnelles. Mais j’aimais beaucoup le challenge… et j'avais une grande satisfaction à voir comment je pouvais retourner la situation en quelques réunions en gagnant le respect de mes interlocuteurs.
 
Après en tant que chef d’entreprise, le titre m’a forcément aidé. Ceci dit, j’ai aussi été prise de nombreuses fois pour l’assistante de mes collaborateurs. Cela nous amusait d’ailleurs beaucoup dans l'entreprise. C’est d’ailleurs encore arrivé pas plus tard que la semaine dernière, avec le représentant d’une entreprise qui était dans nos bureaux qui m’a gentiment demandé si je pouvais lui donner de l’eau et lui indiquer où étaient les toilettes ! 


L’high T puis l’entreprenariat… avez-vous l’impression d’avoir un parcours atypique et quelles qualités faut-il mobiliser pour passer du salariat à cheffe d'entreprise ? 

Oui, avec du recul, je pense que j’ai eu un parcours atypique, mais qui est sincèrement à la portée de toutes les jeunes femmes. 
 
Il faut sans doute une forme de cran mêlé aussi à une forme d’inconscience pour se lancer ! Ensuite, plus sérieusement, il faut savoir décider vite et bien, mais aussi savoir revenir vite sur les décisions qui n’ont pas été les bonnes, embarquer et motiver, mobiliser ceux qui vous ont rejoint dans l’aventure. Et pour moi, enfin, l’une des qualités principales est de savoir organiser l’intelligence collective. Nos collaborateurs sont d’une grande richesse ! 
 

Que dire à des jeunes filles qui n’envisagent pas l’informatique comme une carrière naturelle ?

Que c’est bien dommage ! Car c’est un secteur qui est transverse à toute la société et facteur de grandes innovations encore à venir. Et qu’il y a de la place et des perspectives de belles carrières pour tous les profils.
 

Qu’est-ce qui dans votre métier peut-vous empêcher de dormir ou tout simplement vous gâcher une journée ? 

Des situations conflictuelles qui n’ont pas lieu d’être… Il y a toujours une solution pour apporter satisfaction à tous. Et plus on est dans la collaboration, plus cette solution émergera rapidement.


Qu’est-ce qui vous apporte du plaisir et de la satisfaction dans ce métier ? 

J’ai beaucoup de plaisir à nous voir réaliser de belles missions auprès de nos clients et être témoin de leur satisfaction. Je suis très fière de mon équipe, qui compte un grand nombre de personnes extrêmement talentueuses et humbles.

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