Si Rania Baroudi - aujourd’hui responsable des Opérations IT chez Dexia - s’est intéressée aux sciences, aux maths et à la physique et a ensuite mené une carrière dans les systèmes d’information, c’est peut-être grâce à son grand-père qui lui montrait comment réparer des appareils en panne dans elle était petite.
Un mot sur votre job aujourd’hui, de quoi vous occupez-vous ?
Après quelques années dans la R&D IT de la finance (IT Quant) puis le conseil en Banque d’Investissement et Gestion d’Actifs, j’ai rejoint Dexia fin 2018.
J’occupe aujourd’hui le poste de responsable des opérations IT et reporte directement au DSI.
Dans le cadre du plan de résolution ordonnée pour gérer son extinction programmée, Dexia a lancé un programme global de transformation TOM26, externalisant ses activités vers de nouveaux partenaires en contractant avec des sociétés expertes telles qu’Arkea, BlackRock, EY, Citi… Dans ce contexte, j’ai comme mission avec mon équipe de mettre en place d’ambitieux projets pour gérer l’interopérabilité, le passage dans le Cloud, la mise en place d’un ESM pour assurer une gestion et intégration des services IT de bout en bout (incluant le Run et le Change) dans une dimension multifournisseur.
En parallèle de ces projets induisant une refonte significative de notre SI, je dois m’assurer au quotidien que les utilisateurs de nos différentes lignes métiers continuent à bénéficier de services informatiques de qualité et sans interruption de service, en ayant une organisation flexible qui s’adapte à l’évolution de la situation, et qui accompagne cette transition complexe.
Qu’est-ce qui vous a poussée, à la fin du lycée, à vous orienter vers les sciences et ou l’informatique ?
À la fin du lycée je ne savais pas encore que je m’orienterais vers le secteur de l’informatique. C’est mon intérêt pour les matières scientifiques, particulièrement les maths et la physique, qui m’a poussée à m’orienter vers des études d’ingénieur.
Il y avait une affinité envers les sciences au sein de mon environnement familial. Notamment mon grand-père qui m’a transmis la curiosité pour les technologies et les sciences.
Je me rappelle, en particulier, du temps passé avec mon grand-père à examiner tel appareil pour comprendre l’origine d’une panne et trouver les solutions pour le réparer. Ces expériences m’ont aidée à développer un esprit logique et un goût de la résolution de problèmes techniques.
Qui vous y a encouragée ?
Post bac, une fois que j’avais fait mon choix de formation d’ingénieurs, ma mère m’y a encouragée et soutenue tout au long de ma formation.
Quel parcours académique avez-vous suivi ?
Un bac scientifique avec une spécialité en maths puis une école d’ingénieurs généraliste, l’ESME Sudria, qui m’a permis d’avoir un solide socle des sciences de l’ingénieur.
En dernière année, j’ai choisi une majeure informatique avec une spécialité Banque et Finance.
Pourquoi ce secteur de l’informatique ?
Quand je me suis orientée vers les études d’ingénieurs je ne projetais pas d’aller d'emblée vers le secteur informatique. D’autant plus que, bien qu’on fût déjà dans les années 2000, le ratio fille/garçon dans la filière n’était environ que de 1 pour 20.
Malgré cela, deux étudiantes des promotions qui me précédaient m’avaient transmis leur enthousiasme et avaient réussi à me donner envie de m’engager dans cette voie d’études.
Le fait d’être une femme vous a-t-il ouvert ou fermé des portes dans cet univers très masculin ?
Le fait d’être une femme n’a pas été vécu ni comme un frein ni comme une facilité.
Comme beaucoup de femme, face à des situations de stéréotype, j’ai pu ressentir à un moment le besoin de prouver une certaine légitimité, devoir déployer plus d’effort que des collègues hommes que ce soit durant les études ou au cours de la vie professionnelle.
Toutefois, je n’ai pas souffert d'être une femme dans ce milieu, que ce soit en école d'ingénieurs où nous n'étions qu'une dizaine sur plus de cent ou par la suite dans le secteur bancaire.
Et aujourd’hui, chez Dexia, particulièrement au sein de la DSI, les femmes sont bien représentées.
Aujourd’hui quels sont les projets qui vous excitent le plus ?
J’ai un vif intérêt pour les nouvelles technologies au service des transformations des entreprises dans un modèle de création de valeur, en ligne avec les orientations stratégiques.
Les nouvelles technologies doivent permettre la rupture tout en intégrant l’accompagnement aux changements et la proximité avec les utilisateurs au quotidien. J’ai d’ailleurs l’opportunité aujourd’hui d’être embarquée sur ces sujets chez Dexia.
Les jeunes filles et les jeunes femmes ne sont pas assez présentes dans le secteur informatique, avez-vous une explication ?
Je pense qu’elles ne sont pas assez informées de toutes les opportunités qu’offrent les différents métiers liés à l’informatique. Et, toujours du fait des stéréotypes, il se peut que les jeunes femmes en général doutent plus d’elles-mêmes et de leur capacité et ne se sentent pas crédibles sur des sujets techniques. Et à moins d’avoir de modèles ou des mentors qui leur donnent confiance en elle-même, elles vont moins risquer d’aller vers ce secteur.
Mais une fois lancées, elles ont la capacité de vraiment exceller dans leur domaine.
Si vous deviez trouver quelques arguments pour encourager les filles à s’intéresser à ces carrière IT, que leur diriez-vous ?
On se rend de plus en plus compte qu’il est important qu’elles soient embarquées aussi sur des sujets d’innovation pour apporter leurs regards lors des conceptions de modèles.
Les métiers de la Tech offrent aujourd’hui de beaux projets et de belles perspectives de carrières. L’informatique devient un pilier important dans tous les secteurs.
Celles qui ont une appétence pour la logique et les matières scientifiques y trouveront un métier épanouissant aux perspectives sans cesse élargies.
Si vous n’aviez pas été dans l’informatique, quel job vous aurait fait rêver ?
J’aurais voulu être astrophysicienne. J’étais passionnée enfant de savoir ce qu’il y avait au-delà des étoiles, et découvrir tous les mystères autour des trous noirs, de la matière, étudier l’évolution de l’univers …
Autres articles sur le même thème
Femmes de « Tech »
Quan-Tuê CASSARO, CTO chez EMEIS
par David Abiker
Mag #19
Lire l'article
Femmes de « Tech »
Tania Couvreur, Directrice des Opérations ISOCEL E.LECLERC
Mag #18
Lire l'article
Femmes de « Tech »
Morgane Ginot, Directrice des infrastructures de DIOT SIACI
par David Abiker
Mag #15
Lire l'article
Femmes de « Tech »
Isabelle Alonso, Directrice adjointe de la DSI de la Banque Postale
par David Abiker