Tania Couvreur est directrice des opérations au sein de l’entité IT du Mouvement Leclerc. Pour le devenir, pas de maths, pas de tech mais des études de business et... du théâtre.
Quel est votre job actuel ?
Actuellement je suis Directrice des Opérations au sein d'ISOCEL qui est l'entité IT du Mouvement Leclerc dédiée aux centrales d'achats (centre de compétences IT pour plusieurs grands programmes).
Comment au moment des études avez-vous choisi votre cursus et pourquoi ce cursus ?
Je n'ai pas choisi un cursus maths ou technologies, mais business et théâtre.
Avez-vous été motivée ou poussée vers ces carrières par quelqu’un ? (Proche, famille, prof)
Non absolument pas c'est la curiosité qui a guidé mes choix. Le départ de ma carrière a été dans le RETAIL puis en 2000, la rumeur gonflant sur le fameux bug qui devait arriver, je me suis dit que s'il y avait une vague majeure de problèmes à venir il y aurait autant d'opportunités. Et j'ai découvert le monde des ESN durant 20 ans. Une découverte incroyable (je partais de loin), comme j'aime à expliquer c'était "sciences et vie" H24. Je passais des planchers chauffants EDF puis par les guidés lasers optroniques THALES ensuite par des applications autour de la cryogénisation avec le CEA etc... J'ai pu voir des projets fabuleux comme le montage des anneaux de la Fusée Ariane aux Mureaux, le 1er décollage de l'A380 etc... Fascinant. Le champ s'est élargi progressivement au bancaire, aux assurances, au e-commerce etc. La Technologie est un monde en mouvement, très rapide et qui ne cesse de s'accélérer avec l'IA. La curiosité du "comment "est mon moteur. Et la créativité (la chose la plus fascinante est que tout le monde trouve normal d'utiliser pour travailler ou jouer avec une application quelle qu'elle soit sauf que d'un monde abstrait ça devient une norme). Une IHM (interface homme machine) c'est un programme imbitable qui devient "user friendly" ou "pas" qui nous permet d'accéder à une multitudes d'actions dans notre quotidien (compte bancaire, calendrier, tchat etc….).
Quel fut votre 1er job ?
Mon premier job était celui d'une étudiante à faire du facing dans les rayons d'un magasin et caissière (dans un Leclerc, comme quoi…)
Quel est votre moteur dans votre job, ce qui vous donne envie de vous lever le matin ?
L'inlassable curiosité pour le métier et les sujets technologiques. Un certaine dose de pression qui met de l'adrénaline au quotidien. Tenter de rester toujours UP sur les nouvelles technos et avoir un regard critique et éthique sur les propositions de valeur promises. Less is better.
Quels seraient vos arguments pour inciter les jeunes filles qui n’osent pas à s’orienter vers une carrière dans l’informatique ?
D'abord je dirais aux parents STOP à ceci "Un petit rappel qui reste dans l'ADN encore aujourd'hui pour les devoirs des enfants" (pour les maths va voir Papa, et pour le français va voir Maman). Plongez dans ce monde que vous ne connaissez pas, peu ou mal. Pour mille raisons. 1/ Vous aimez être reconnue pour votre travail et bien dans un monde d'hommes on vous remarque plus (ça c'est pour narcisse). 2/ Vous avez le Monde dans les mains (Agriculture, Culture, Transport, Retail, Energie, Médical) nous ne savons plus vivre sans informatique ou peu. Nous tendons aux extrêmes d'un côté l'ultra informatisation et de l'autre le hors informatique. 3/ L'IA source de possible incroyable mais sans vous mesdemoiselles " le biais cognitif du prompt masculin est là" alors ça c'est un sujet éthique, politique et féministe. Si les datas sont masculines alors l’IA ne sera pas féminine…
Votre prochain challenge ?
Poursuivre mes activités de slasheuse (Directrice des Opérations d'ISOCEL / CEO de ROOFERS/ et Comédienne). Évangéliser la féminisation dans les prompts donc dans l'IA pour éviter un Back to the Futur ultra masculin.
Qu’apporte le théâtre à l’informaticienne ?
D'abord je ne suis pas informaticienne et le théâtre est dans tout dès lors où nous sommes en société, nous sommes des joueurs conscients ou pas, nous faisons tous semblant pour de la "VRAIE". L'art oratoire, savoir embarquer les personnes, partager, le théâtre est presque vital pour communiquer, pour recruter et faire briller les yeux des jeunes filles pour leur dire que tout est possible et que l'on a besoin d'elles dans la Tech est un exemple, vulgariser etc. (Lors du Symposium du CRiP à Deauville). Ex Raphaël Enthoven est un showman habité par la passion de la philo, qu'il transmet en radio. Les informaticiens ne sont pas des grands communicants par nature même si lors de meeting ils maîtrisent parfaitement leurs sujets. Insuffler du théâtre par petites touches est utile : posture, gestion de l'espace, regard, etc.. Il y a une forme d'art dans l'informatique lorsque l'on part d'un écran vierge et que l'on passe une à application finie. Mais l'informatique n'est pas de l'art ! Sauf si cela provoque des émotions… Si on réfléchit aux jeux vidéo cela provoquent de l'excitation donc de l’émotion ! Pour finir sur une note personnelle, les mots sont comme des bonbons et le théâtre, le cinéma, le chant offrent des possibilités infinies de les porter. Un plaisir.
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