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Femmes de « Tech »

Christine Debray - Ministère de la Culture
par David Abiker

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Christine Debray savait-elle en entrant chez IBM qu’un jour elle basculerait dans le secteur public ? Sa carrière d’ingénieur informatique s’enchaîne à la mairie de Paris, puis au Centre National du Cinéma puis au Ministère de la culture, où elle est aujourd’hui en charge de la stratégie de la transformation numérique. Elle a aussi co-fondé en 2018 l’association French Women CIO.

Comment décririez-vous votre travail au sein du ministère de la culture à une jeune fille de 3e ?

Je suis chargée de faire en sorte que seuls les projets (à composante numérique) vraiment utiles soient lancés ; mais aussi d’aider mes collègues non informaticiens à faire le tri dans les différents apports du numérique afin de bien choisir les technologies qui permettent de mieux exercer les missions du ministère.

Qu’est-ce qui vous a poussé au départ à vous lancer dans des études informatiques et tech ?
Je suis issue d’une famille très modeste, et le choix a été purement alimentaire. Je pensais qu’il y aurait des débouchés dans le secteur informatique, ce en quoi je n’avais pas tort.
Mais cette absence de goût pour la « chose technologique » a rapidement été un avantage dans ma carrière. Etre la première à utiliser telle technologie ne m’a jamais intéressé ; j’ai toujours recherché la cohérence du système d’information et son usage pertinent par les directions métiers.


Avez-vous rencontré des obstacles ou des préjugés dans ce secteur qui recrute en majorité des garçons ?
Nous n’étions en effet que 15% de femmes dans ma promotion d’ingénieurs en informatique. Et cela fut la même proportion à mon arrivée chez IBM en 1986. Les postes que j’ai occupés chez IBM ont été passionnants, ; mais il est vrai que c’est le secteur public qui m’a permis d’accéder à mon premier poste d’encadrement en 1993 : l’égalité des chances entre hommes et femmes y était bien plus marquée que dans le privé.

Quel changement technologique, selon vous, a radicalement transformé votre métier ces 20 dernières années ?
Je vais garder le prisme du secteur public pour ma réponse : Les fondamentaux du métier de DSI ou assimilé n’ont pas changé (ou devraient ne pas avoir changé) depuis les années 90. Il s’agira toujours d’analyser les besoins réels des services métiers, les obliger à simplifier leurs processus métiers avant de les numériser, puis d’utiliser la meilleure technologie à disposition (déjà utilisée ou à acheter), sans parler de la conduite du changement à mener en profondeur pour que le nouveau service rendu soit bien utilisé.
Ces règles s’appliquent, quelles que soient les technologies.
Mais bien sûr, j’ai comme tout le monde été subjuguée par l’augmentation de la puissance de calcul et de la quantité de données exploitables depuis les années 2000, ce qui était le préalable au développement de l’intelligence artificielle.

Comment d’après-vous inciter les jeunes filles à se lancer dans une carrière informatique ?
Nous avons besoin de femmes et de diversité dans le domaine de l’intelligence artificielle pour que les données alimentant ces IA soient plus diverses et représentatives de l’humanité, pour que les biais potentiels dus à la programmation des algorithmes soient moins nombreux.
Mais à part ce domaine très particulier, choisir la tech quand on est une femme, c’est aussi participer à changer le monde, à le rendre plus humain. J'ai remarqué que les jeunes femmes qui m’interrogeaient cherchaient un sens à la tech : mais Il n’y en a pas, c’est l’usage que l’on en fait qui peut avoir du sens.
Donc investissez-vous dans la tech si vous souhaitez avoir une influence sur le monde : vous pourrez alors influer sur l’usage qui est fait de la tech

Quels peuvent être les promesses et les attraits de ce secteur pour les femmes qui s’y engagent ?
Il n’y a pas que le monde de la tech, mais également les carrières informatiques dans les entreprises ou le secteur public. Tout dépend des aspirations de chaque femme : créer une entreprise ? participer à l’essor d’une nouvelle technologie dans une entreprise existante ?  Répondre aux besoins d’une entreprise « non tech » en l’aidant à faire les bons choix ?
Tout est possible

Quelles sont vos défis professionnels du moment ?

J’ai pour les années à venir deux défis à composante écologique qui m’animent au quotidien :
  • D’une part mettre en œuvre un plan de sobriété numérique à l’échelle du ministère dans son usage du numérique
  • D’autre part aider à la création de solution numériques pour aider à décarboner le secteur culturel